02 octobre 2006

Création "le présent oublié" de Patrick Defossez


Dimanche je me suis rendue aux matinées contemporaines au grand théâtre de Reims, pour écouter "Présent oublié", composition contemporaine pour quartet de Patrick Defossez.
Première surprise, nous sommes placés en coulisse, sur la scène derrière les musiciens , avec une vue imprenable sur la salle en boiserie art déco.
Autre surprise, le son vient non seulement de la scène, mais aussi d'ailleurs, à côté de nous, derrière nous, et le plus étonnant au dessus de nous. Ca commence par des sonoriés électroniques mystérieuses rappelant les chantiers, les sous bois, et puis l'eau surtout.
Le hautbois est ici électroacoustique (invention du musicien) le son est chaud et texturé. Enchaînent la batterie aux objets composites : "cloches, zarb, "djumbe" etc, le piano "minimal" . Différentes séquences se succèdent, les musiciens du quartet se répondant avec précision liberté et harmonie, car si certains caps sont fixés, si l'écriture est structurée, il n'en reste pas moins une grande part d'improvisation. Pour organiser cette liberté polyphonique, il aura fallu un an et demi de travail au compositeur Patrick Desfossez. D'origine belge, formé en orchestration à la Berklee School, il choisit la France où il privilégie le jazz, puis le contemporain en piano improvisé. Et ici dans cette pièce c'est de tout ce passé , cette mémoire dont il est question. Ce qui m'a plu c'est le côté sensoriel et inventif qui en ressort : on voit le compositeur pianiste plonger dans le "corps" de son piano à queue pour caresser les cordes, ou les pincer avec différents ustensiles. Nous sommes invités ici à un voyage sensible, loin des musiques froides et trop cérébrales (en tout cas pour moi), à une musique métissée entre les influences du jazz et de John Cage, où j'ai retrouvé quelques accents d'ailleurs , du nord afrique à l'Ecosse. Après ce beau voyage d'une heure, on est convié par les musiciens à voir leurs instruments, à échanger avec eux et puis prendre un apéritif au champagne; bref on en sort heu-reux et recompensé d'avoir pris le train de 08H16 ce dimanche matin !