06 octobre 2006

Dan Flavin / Une rétrospective ( 9 juin- 8 oct 2006)












La dernière fois que j'ai vu plusieurs oeuvres de Dan Flavin à Paris, c'était la collection Plensa, également présentée par le Musée d'art Moderne de la ville de Paris. Sinon il y a le Whitney, ou la Dia Fondation (qui prête justement beaucoup d'oeuvres pour cette rétrospective), mais c'est aux Etats Unis. Bref à ce jour, je n'avais jamais eu l'occasion de voir autant de Dan Flavin à Paris. Et c'est dommage que cela ne dure que le temps de l'exposition, car je ne m'en serai pas lassé !
J'aime ces tubes de néon, qui de manière si simple rythment, colorent, habitent l'espace. Dan Flavin les laissent évidents et présents, sans chercher à les cacher pour n'en conserver que leurs effets spacio-lumineux, comme pourrait le faire James Turrell.
Il dit lui même "on ne peut pas considérer la lumière comme un phènomène objectif mais c'est pourtant ainsi que je l'envisage. Et comme je l'ai déjà dit, jamais art n'a été si simple, ouvert, direct". Et c'est vrai, on n'a pas besoin d'être initié pour être profondémént touché par son oeuvre. Alors à mon sens, il ne faut pas trop écouter certains historiens d'art et critiques, qui compliquent souvent les oeuvres issues du courant minimaliste les rendant hermétiques, alors que justement, du fait de leur grande simplicité formelle elles se veulent accessibles au plus grand nombre.
Pour autant avant d'arriver à ce qui nous parait évident en 2006, ce ne fut pas si simple. Je me demandais ce qui fait qu'un artiste dans années 60, en arrive au tube de néon pour s'exprimer ?
Quand on regarde ses premières oeuvres (intelligemment exposées aussi), on se dit que pour arriver à cette évidence il est parti de loin : ce sont des petites peintures abstraites, très sombres avec beaucoup de matière, ne laissant en rien augurer l'évanescence formelle de la suite de son travail. Et puis, à partir de 1961 (à 28 ans), il franchit un cap décisif en réalisant des boîtes monochromes surmontées d'un petit néon, une des "icônes" est dédiée à son frère jumeau qui meurt à cette époque. Je ne peux m'empêcher de penser qu'en choisissant le néon et le caisson, il a ainsi actualisé le geste de la bougie qu'on allume sous un autel à la mémoire des défunts. L'artiste de père irlandais a reçu une éducation religieuse.
Pour moi, c'est comme si avec ces néons, il avait au départ cherché à prolonger la mémoire d'un être cher. Et la façon qu'il a de nommer ses oeuvres : dédicaces à des personnes ou artistes dont il se sent proche, renvoie au même processus : activer et prolonger la mémoire. Et cela fonctionne. Car grâce à lui, on se remémore la tour inachevée de Tatlin, on s'interroge sur William d'Ockham (qui est comme on me l'a soufflé un franciscain et philosophe du XIVeme siècle, adepte du peu et de la simplicité...) ou sur l'identité de Susan Dawn (qu'on découvrira galeriste et à qui il dédie une de mes oeuvres préférées).
Au niveau perceptif il convient d'y regarder à deux fois ... au moins. Ainsi pour l'oeuvre "Untitled (to you Heiner, with admiration and affection)", longue barrière de modules carrés, la lumière dégagée nous apparaît verte (surtout si l'on a fixé le rouge des néons de la pièce précédente). Pour autant quand on se rapproche pour regarder de près les néons, ils semblent très proches du blanc. Et les néons placés dans l'entrée que l'on aperçoit depuis cette dernière pièce de l'exposition nous apparaissent maintenant roses alors qu'il ya une heure quand nous sommes entrés, ils étaient absolument blancs. Alors un peu déboussolés, on va demander à un gardien "C'est vraiment vert ?" et lui de nous répondre " En tout cas, ca semble vert, et on en sort tout mauve".
Pensée associative : autel, arc en ciel, 2001 l'odyssée de l'espace, la pharmacie d'en bas de chez moi.