L'oeuvre la plus érotique de la Biennale de Venise (jusqu'au 22 Nov 2009)
L'oeuvre la plus érotique de la Biennale de Venise est à l'unanimité de nos 3 voix la Madonne à l'Enfant (1505) de Bellini pour l'Eglise San Zaccaria, où la Vierge caresse la plante du pied de Jésus du bout de ses doigts.
Sinon après quelques jours de décantation, quelles sont les oeuvres qui tiennent en suspension dans ma mémoire (trop petite), surnageant de cette "aqua alta" de la production contemporaine ?
Très difficilement reproductibles dans leur majorité, je les ai gardées avec moi car elles sont à la fois radicales et soustractives.
Dans la ville :
- le pavillon Ukrainien "Steppes of Dreamers" mis en scène par le champion de boxe :o) Wladimir Klitcschko présentant le travail de l'ukrainien Illya Chichikan et du Japonais Mihara Yasuhiro, c'est un parcours où nous devenons les personnages d'un film sensuel et envoutant. Après avoir déchaussé nos chaussures pour fouler le sable versé au bas de l'escalier conduisant aux salles obscures du merveilleux palais Papadopoulo, nous sommes dans une quasi obsurité : les ampoules des lustres de Murano ont été changé, elles sont multicolores comme dans les fêtes foraines, éclairant à peine les moulures angéliques du plafond, et puis entre 2 sculptures assez post - dada, glisse près de nous une fille aux cheveux longs et aux rollers dorés pour disparaitre bientot derrière une porte ou une tenture ...
- le pavillon georgien "Change in Drawing Orchestra " de l'artiste Koka Ramishivi, avec ses vidéos, projetées sur 3 murs en décalé, un dessin au crayon papier en train de se faire, peut-être celui d'une vague et où le son du crayon sur le papier a été condensé dans le temps, ce qui donne à notre oreille l'impression de la mer et de son ressac.
à l'Arsenal :
- la salle des Pistolleto, avec certains de ses miroirs brisés le premier soir à coup de hache, symbolique et sculpturale.
- les faisceaux lumineux tridimensionnels de Lygia Pape.
- la vidéo de Joan Joanas qui transpose la "Divine Comedie" de Dante en images, en créant son langage visuel poétique.
aux Giardini:
- les pavillons danois et d'Europe du nord (Finlande, Norvège et Suède) mis en scène avec humour par Elmgreen§Dragset, transformés en appartement d'habitation privée, avec les oeuvres de plusieurs artistes, comme chez des collectionneurs. Cependant les pièces sont construites autour de l'une fiction à l'intrigue policière; et pour le pavillon nordique le corps flotte à l'entrée dans la piscine ...pour les danois, c'est à une visite de promoteurs immobiliers que nous sommes conviés.
- le pavillon français avec l'installation "le grand Soir" de Claude Lévêque, pour sa radicalité et l'intelligence de la transposition de l'idée dans l'espace du pavillon français . Nous sommes mis en cage (avec un peu de paillettes tout de même ) sans possibilité d'atteindre le drapeau noir, symbole de l'anarchie auquel le titre se réfère. Drôle et peut être cynique (rare chez l'artiste, qui peut-être de ce fait a été assez décrié) surtout quand on y repense après avoir découvert la nouvelle fondation Pinault à la pointe de la Douane.
Certes le bâtiment est absolument extraordinaire et la restauration par Tadao Ando parfaite. Mais impossible de sortir voir la vue sublime en haut du Beveldère, porte fermée, fenêtres à barreau, et gardiens avec pistolet qui viennent vous avertir de l'impossibilité de la chose ..., jusqu'où va t-on pour assurer la sécurité de la sublime marchandise ? Et retour à Foucault et " Surveiller et punir" mais version financière puisque Pinault possède la maison de ventes aux enchères qui va avec ... On préfére le style Peggy Gugghenheim, où tout est ouvert et donne sur un gentil café dans le jardin , et on se rappelle avec nostalgie de son exhubérance, de ses passions et de ses extravagances !
Libellés : Bellini, Biennale de Venise, Fondation Pinault, Joan Jonas, Klitcschko, Koka Ramishivi, Lévêque, Lygia Pape, Pistoletto
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