19 juin 2008

Arts Le Havre 2008 (7 au 30 Juin )



Pour ceux qui ne connaissent pas encore Le Havre, côté architecture c'est totalement construit par Auguste Perret, avec deux "volcans"posés au milieu par Niemeyer. Je voyais ça plutôt triste. Pas du tout. Certes le temps était radieux, et les bâtiments bien propres pour obtenir l'inscription au patrimoine mondial de l'Humanité par l'Unesco. Mais ces partis pris architecturaux ont le mérite de l'audace (pas d'historicisme à la Disney) et de la taille humaine. Les immeubles de Perret ne sont jamais très hauts et possèdent tous de larges ouvertures. Les courbes des volcans de Niemeyer sont le contrepoint de l'orthogonalité et séduisent par leur aspect quasi lunaire.

Pour en revenir à la jeune Biennale d'art contemporain, dont c'est la deuxième édition, mon avis est partagé. Car si j'ai bien aimé les installations d'Anita Molinero (déchets plastiques remplissant des cabines téléphoniques) et les habituelles protubérances rouges à pois blancs de Yayoi Kusama; j'ai trouvé que dans l'ensemble, le parcours urbain était un peu léger voir faible surtout face à une architecture si présente. Pour autant je trouve l'initiative privée du groupe Partouche courageuse (certes ils ont une obligation légale à participer à la vie culturelle de la ville qui acceuille un de leurs casinos), car rien ne les obligeait à être un partenaire aussi contemporain et discret, et à faire oeuvre d'éducation . A noter de plus, qu'aucun fonds public n'est venu compléter leur initiative (à l'inverse de l'Estuaire de Nantes ou de la biennale de Rennes) , et qu'un catalogue a été publié pour l'occasion.

Et surtout l'exposition au Musée Malraux, qui participe également de la biennale, mérite à elle seule le détour. Construit en 1962 sous Malraux donc, le bâtiment est déjà lui même très plaisant avec ses cloisons légères, son espace à la douce luminosité, et la proximité que l'on devine avec la mer. L'exposition est une proposition de l'artiste hollandais Ger Van Elk (dont l'eouvre sera d'ailleurs présentée au MOMA en 2009). Il fait ici le choix de l'intimité, d'une relation quasi amicale en tous cas humaine, avec le public, fuyant ainsi toute notion de gigantisme ou de démonstration. L'artiste se laisse aussi la liberté d'aller piocher dans des oeuvres plus anciennes, puisqu'il remonte jusque dans les annes 1970. Peut être aussi du fait de sa nationalité et de son histoire il déjoue les tics habituels. Bref, avec même de toutes petites choses (comme l'homme sur son clou de Claire Harvey) ou grâce à des signatures plus classiques (Gilbert§ Georges, William Wegman, Penone ...), il étonne notre regard. Et comme le disait si bien R. Barthes "l'étonnement est le commencement timide de la jouissance".
Mes préférées sont (en plus de celles déjà citées ci- dessus) :
- Une salle de belles projections toutes simples de Lili Dujourie, comme des fenêtres ouvrant sur la mer ("Oostende", 1974).
- un arbre bourgeonnant d'idées de René Daniëls ("Lentebloesem", peinture sur toile 1987)
- une création/ expérimentation sonore avec train éléctrique de Nicolas Collins ( "When John Henry was a little baby", date non précisée)
- une peinture à l'huile de l'espagnol Paco Pomet.

15 juin 2008

Derniers jours pour Valérie Mréjen au Jeu de Paume


Née en 1969, Valerié Mrejen réalise des vidéos et écrit des recueils de nouvelles, dans un style qui pourrait se situer entre Sempé et Beckett. De Sempé, ce sens du détail, ce regard sur les petits riens de notre vie quotidienne qui ont un faux air plus vrai que nature, la rondeur en moins. Avec ces scénes de rupture, ("Capri" 2008), de travail ("Le projet" 1999), de retour de vacances("Il a fait beau"1999), d'apéritif en tête à tête ("Anne et Manuel" 1998), elle insiste sur le côté à la fois intime et à la fois totalement cliché des situations. On balance entre l'absurde et le comique, c'est finalement assez burlesque au sens de Beckett . Car les personnages filmés sur fond neutre, solliloquent sans jamais réussir à communiquer, avec une grande importance accordé aux silences . Cela pourrait être vous et moi, A ou B. C'est curieusement drôle car ce qu'il y a d'assez étonnant c'est de voir que nous spectateurs, nous rions mais pas forcément en même temps, reprenant en contraposé les légers décalages de l'univers de Valerie Mréjen. A déguster jusqu'au 15 Juin au Jeu de Paume.