18 novembre 2006

Paris Photo au Carrousel du Louvre (16-19 Nov 2006)















Une saison nordique pour le salon cette année.
Je suis intriguée par ces photographes que je ne connais pas bien et qui ont souvent une esthétique épurée et très construite.
J'ai été touché par le travail de Charlotte Gyllenhammar et de ces femmes "upside down". De ses photographies se dégage une impression de légéreté et d'étourdissement. Les images de ces femmes corolles sont obtenues en les photographiant par en dessous sachant qu'elles sont suspendues tête en bas. L'artiste travaille souvent sur les principes de la pesanteur et du vertige, elle a construit ainsi une maison où tout est tête en bas, elle a aussi déraciné un arbre... Ici la surface des choses apparente virevoltante et evanescente contraste avec la vulnérabilité de ce qui n'est pas montré : une femme à l'envers avec jupe par dessus tête.

Toujours dans le registre de l'ambiguité des apparences, l'artiste suédoise Année Olofsson travaille sur aussi sur les postures du corps, qu'elle nous montre de dos, dans sa série "Skinned". Il s'agit de la même femme vue de dos, cadrée jusqu'à la taille. Si on regarde bien, on distingue des mains sous son pull qui lui tiennent la taille sur une première photo, les épaules, les bras ou la tête sur les suivantes. En fait il s'agit de l'artiste et des mains de son père, et d'un travail sur la nature de leur relations que l'on n'arrive pas justement à saisir : de quel amour s'agit il ici ? Là encore on perd nos repères du fait de l'ambivalence des relations photographe/photographié, de la théâtralisation/mise à distance de l'intime.
Toujours avec l'école nordique, les photos d'Astrid Kruse Jensen sont également énigmatiques. On pense à des héroïnes à la Hooper, seules mais ici dans un univers plus inquiétant qu'anonyme.
Et puis pour finir sur ce salon bien mystérieux, j'ai retrouvé les photos noir et blanc de l'américain Mac Addams, toujours captivantes. Il s'agit la encore de mise en scénes inventées par l'artiste mais ici la photographie intervient pour donner les indices d'un meurtre ayant eu lieu ou allant avoir lieu. A l'inverse des photographes nordiqes ici cela fourmille de détails, nous obligeant ansi à recadrer. A nous de trier, d'inventer une reconstitution comme dans un Cluedo hitchockien : qui a bien pu tuer Melle Rose ?

16 novembre 2006

Javier Perez à la galerie Claudine Papillon





Javier Perez, né en 1968, originaire de Bilbao a représenté l'Espagne à la Biennale de Venise de 2001.
Le nom de cette exposition qui dure jusqu'au 25 novembre 2006 , c'est "Jardin Interior". Et cela illustre bien cette oeuvre souvent hybride entre l'intérieur d'un corps humain et le végétal. Ici une sculpture en résine rouge sang, posée à même le sol , avec une présence qui rappelle, le coeur et les artères vus au macroscope et la racine d'arbre. Autour des photos d'arbres rouges "doubles" dont les racines évoquent aussi la capilarité de nos vaisseaux sanguins. Et puis cette file de têtes blanches si paisibles, qui commence avec un oeuf pour arriver à la figure humaine par petites étapes et revenir à la forme primordiale de l'oeuf...
C'est à la fois superbe et un peu répulsif aussi, on s'interroge et je garde longtemps en tête les images de son oeuvre en me prenant à rêver : et si à l'intérieur j'étais aussi un peu un arbre ?

05 novembre 2006

Busy Going Crazy (29 oct-14 janv 07)



L'exposition à ne pas manquer cet automne à Paris : la collection du belge brésilien Sylvio Perlstein à la Maison Rouge. Même si vous pensez ne pas être sensible à l'artmoderne et contemporain, c'est une excellente initiation.
Aux antipodes d'un art contemporain convenu et froid, cette collection témoigne des rencontres avec les avants garde et les artistes majeurs de notre siècle, de manière stimulante et joyeuse. Libre penseur, amateur curieux, loins des modes et des convenances, Mr Perlstein fascine par son ouverture d'esprit : il a aimé les collages dada (avec entre autres l'artiste peu connu Paul Joostens) les photos surréalistes des années 30 qui couvrent chez lui les murs du sol au plafond (Man Ray, Dora Maar...), celles plus récentes sur le thème du corps de Nicole Tran Ba Vang ou de Delphine Kreuter, l'esprit moqueur des belges avec Mesens, Broothers ou Magritte, les artistes brésiliens avec Tunga, Neto, Muniz, les minimalistes avec Judd, Robert Ryman, Flavin, les nouveaux Réalistes ou l'Arte Povera, et j'en passe. Exceptionnel aussi par la qualité des pièces, il a choisi celles qui interrogent notre regard, qui débutent un dialogue et restent mystérieuses comme ce Pol Bury aux boules rouges au mouvement à peine perceptible, ou encore cette cariole jaune avec foin et néon de Mario Merz.
Et puis on sent le côté intime qui relie l'homme à chacune de ses oeuvres, il vit avec et dit lui même qu"elles lui manquent quand il part en voyage". Ce qui pourrait n'être qu'une leçon magistrale d'art contemporain reste avant tout le témoignage d'un appetit insatiable pour "l'esquisito", mot brésilien qui évoque l'étrangeté des choses et l'envie d'être dérangé.
A lire aussi le billet de Lunettes Rouges sur cette expo.

04 novembre 2006

5 Milliards d'années au Palais de Tokyo














Première exposition très stimulante par le nouveau directeur du Palais de Tokyo, Marc Olivier Wahler, que j'imagine fan de sciences § fictions. J'ai bien aimé sa proposition d'oeuvres qui font de la "résistance" à notre regard impatient, d'oeuvres à qui il faut que nous donnions une durée palpable pour qu'elles se livrent ou pas, sans pour autant devenir prétentieuses.
Certaines sont drôles comme " La "lampada annuale" d'Alighiero § Boetti où l'ampoule ne s'allume q'une fois par an. D'autres sont mi-surprenantes mi-angoissantes comme "Breath" de Werner Reiterer qui par une simple affichette collée contre le mur, nous demande de crier aussi fort que l'on peut. A notre cri, répond un enorme souffle au dessus de nous. Ca surprend et doublement.D'abord quand vous êtes au début de l'exposition et que vous entendez des gens hurler au loin, c'est intriguant et boulversant; et puis enfin quand vous êtes acteur de cette installation.
Mes oeuvres préférées sont celles d'Urs Fisher "Untitled Branchs" où une bougie allumée posée sur une grande branche tourne sur une roue, une bougie qui s'éteind à la fin et qui doit être remplacée, qui parait si fragile sur le mécanisme qui lui ne s'arrête pas ... tout est dit. Et puis l'oeuvre de Kristof Kintera "Revolution", où l'on voit un petit bonhomme de dos, qui est immobile et puis qui tout d'un coup, se met à se taper la tête contre le mur, et que j'avoue avoir regardé partagée entre amusement, interrogation, peine et voyeurisme.
Et puis toujours présent au Palais de Tokyo, le magnifique nuage de Cecchini.

03 novembre 2006

FIAC 06 (2)




Concernant le "off" de la Fiac, j'ai trouvé le lieu de la Bellevilloise vraiment beau et adapté à la première édition de Slick , et celui de l'hôtel Kube trop exigu pour la Diva Fair , à 6 par chambre, ca ressemble aux Marx Brothers dans leur cabine de paquebot, on est vraiment serrés comme des sardines !!
En attendant la prochaine édition, voici ce que j'ai retenu de la Diva Fair (Kube) :
- la vidéo de Molly Davies projetée sur le lit , de la galerie Zone Chelsea Center
- La vidéo de l'indien Sure Kha : "India" et "Making Home" à la galerie Mamia Bretsché
- le manteau de Michaele Andréa Schatt réalisé en tissu et roses de céramiques , à la galerie Isabelle Gounod.
Et puis à la Bellevilloise , j'ai aimé :
- un panneau plein de fantaisie de Nicolas Buffe chez Schirman § de Beaucé, tous les symboles de mon enfance comme la Vache qui rit , Hello Kitty traités en trait de craie sur tableau noir mais dans des formes baroques avec moulures en trompe l'oeil.
- les belles scupltures lumineuses d'Isabelle Farahnick chez Fat Galerie, assemblage poétique fait à partir d'objets simples si il en est : de boites à nouilles des "take away" et guirlande lumineuse.
-Chez 13Sevigné, le travail de l'ancienne top model australienne Julianne Rose. Reconvertie dans la photo avec talent, notamment ses portraits d'enfants, elle travaille sur le vieillissement et montre qu'on peut bien vieillir et survivre.