08 novembre 2010

Zevs " liquide", les frères Chapman tatouent. Cabaret Voltaire, Dada Zürich.





Il me fallait aussi écrire un billet sur la performance "Liquidated Murakami Vuitton logo" courte et belle chorégraphie de Zevs réalisée pour le Cabaret Voltaire qui accueillait en même temps les oeuvres des frères Chapman : notamment un Brueghel le Jeune (dit aussi Brueghel l'Enfer), authentique peinture originale du XVI ème, dont ils ont repeint l'ensemble des visages. Alors que leur oeuvre questionne la notion d'auteur, de parasitage ainsi que la fabrication de la valeur d'une oeuvre d'art, (un Brueghel tatoué par les les Chapman vaut il plus que sans ? une peinture des Chapman seuls vaut elle moins chère que quant ils "re"peignent un Brueghel ?) il m'est apparu pertinent de présenter Zevs qui joue également avec ses logos liquidés sur un registre du détournement et du parasitage. Zevs a commencé par intervenir dans la rue, les métros parisiens, on doit d'ailleurs son nom au Rer A "Zeus" qui a manqué de le tuer alors que jeune adolescent de 15 ans il graffait. Il liquidait sur les murs Mac Donald, Lavazza ou Chanel, alors forcément qu'il vienne au Cabaret Voltaire situé dans une des principales artères commerçantes de Zurich, remplie de logos, cela jouait comme un miroir déformant et adressait un clin d'oeil aux dadas et à leur contestation et déconstruction des valeurs bourgeoises. Là, pour le Cabaret Voltaire
il "liquide" non un mur mais le dos d'une femme nue recouverte du logo multicolore de Vuitton, posant aussi la question de logo comme seconde peau.

Si on lit le magnifique "Lipstick Traces, une histoire secrète du xx ième siècle "de Greil Marcus, où retraçant l’histoire de l'enregistrement "Like a Rolling Stone" de Bob Dylan, l’auteur remonte aux origines de la pensée contestataire aux États-Unis et en Europe. De 1965 à 2005 avec le "sociopathe" Jonnhy Rotten des Sex Pitols, il tisse sur fond d'histoire sociale , un lien entre entre Dada, les Situationistes et le mouvement punk. Suite à la parution de ce livre phare en 1989, sort 20 ans plus tard "Like liptick traces" où Aurélien Arbet et Jérèmie Egry ont demandé à 13 jeunes graffeurs de photographier leur vie ou leur oeuvre avec un polaroid. Comme eux nous plaçons le graffiti comme une cicatrice impulsive marginale, éphémère d'une volonté contestataire, proche de ce qu'avaient voulu faire dadas, punks. Peut-être sont ils parfois en voie d'être présentés en tous cas par la mode et la pub comme le pitch absolu. Inviter Zevs partait de cette intuition, de la filiation street art /dada en posant également la question du risque d'institutionalisation d'une telle démarche. (Photos courtesy Jacintha Barth)

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