31 janvier 2007

« Antonin Artaud, Logique de l’expérience », à la BNF site F.Mitterrand (Jusqu’au 4 février 2007)



Ironie de l'histoire que cet hommage rendu au génie torturé, au poète, au cinéaste, au dessinateur, à l’homme de théâtre qui refusait l'institution et choisit la marginalité.
Lui écrivait pour témoigner de sa souffrance "même si il n'avait rien à dire" et pour les "analphabètes" . Doit on comprendre que comme Deleuze, il écrit au nom des analphabètes, donnant la langue à ceux qui n'en n'ont pas, ou qu' il écrit pour nous tous qui sommes tous des analphabètes, et ainsi nous rappeler que la langue et le sens nous échappent toujours ?

Ne pas manquer le seul de ses films qui fut réalisé "Le coquillage et le clergyman" (1927) où là encore le langage cinématographique est non verbal, non linéaire , mais onirique et poétique.

Avec ses dessins, son rapport au corps le place dans la famille de Francis Bacon, tant le visage humain est ici, convulsion, cri.

Poignant, ce parcours fait toucher du doigt la complexité et le génie fulgurant d’un homme dévoré par sa « sur-acuité ».

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24 janvier 2007

"L'évènement , les images comme acteurs de l'histoire"au Jeu de Paume. (jusqu'au 1er avril 2007)


L’idée ici soutenue : c’est l’image qui fait l’évènement et qui le grave dans nos mémoires collectives. L’exposition nous montre surtout que ce n’est pas nouveau car c’était déjà le cas avec la guerre de Crimée en 1850.
5 évènements sont ici traités , chacun avec les médias et les regards propres à leur époque :
- la guerre contre la Crimée (1853-1856)
- l’avénement de l’aviation à la Belle époque : jubilatoire et inventif jusque dans le traitement de l’image!
- les congés payés : entre affiches de propagande et photos du bonheur par Cartier Bresson.
- la chute du mur de Berlin (9 nov 1989): la force du direct, ch
aque acteur ayant conscience de vivre un moment historique.
- le 11 septembre 2001 : certainement le plus médiatisé.

Mon préféré : la conquête de l'air.
Pour montrer les exploits de Blériot, et ceux des équipes projets pleines de barbus sympathiques, les reportages font eux même une large place à l'innovation : photographie prises en plongée depuis un dirigeable par Léon Gimpel, films en cinémathographe via les actualités pathé dont l'invention est toute récente. C'est la naissance des magazines illustrés avec une nouvelle mise en page où prolifèrent les images (un peu l'ancêtre de Paris Match). On sent que basculement de l'ordre spatial (vue du dessus, perte du répère unique) imprime un renouvellement du vocabulaire visuel (même en peinture, puisque c'est l'époque des Demoiselles d'Avignon de Picasso ou de la tour Eiffel de Robert Delaunay). C'est l'avènement de l'ére moderne telle que nous la connaissons.
Le plus terrible , evidement c'est le 11 Septembre, non seulement par l'effondrement d'un mythe mais aussi par le traitement uniformisé qu'il en est fait. En effet l'analyse du corpus de la presseaméricaine, montre que 75% des titres utilisent les 6 mêmes photos achetées à l'American Press : l' uniformisation de l'image conduit elle à celle du texte ? Quid du jeu démocratique alors ? Pour contrebalancer un peu, est présentée l'exposition "Here is new York, a democraty of Photographs" organisée en 2002 à Soho et montrant une multitude de photos amateurs prises sur le vif . Evidemment les portées d'une exposition ou de l'ensemble de la presse ne sont pas les mêmes : quelques milliers de new yorkais dans un cas, contre quelques centaines de millions d'américains dans l'autre.

20 janvier 2007

Stéphane Thidet à la galerie Aline Vidal (jusqu'au 3 février 2007)



J'avais déjà repéré le travail de Stéphane Thidet, grâce à sa danse macabre "Ask" présentée lors de la dernière Nuit Blanche (cf billet 10 octobre 2006). Et là encore j'ai envie de "jouer" avec son oeuvre. C'est un univers théatralisé auquel il nous convie : importance de la pénombre et de masses noires dans ses superbes photos, l'installation"le rêve d'une tour"(cf photo) ressemble à un élément de décor de fête foraine cassé et abandonné.
L'oeuvre de Stéphane Thidet tisse avec nous une relation mystérieuse et assez frustante surtout dans la vidéo "Du vent dans les champs", où quelqu' un court dans un champ de maïs. Vu le cadrage tout indique qu'il est poursuivi, à nous d'imaginer s'il s'agit d'un jeu de cache cache, ou d'une course poursuite plus cruelle. De là se crée une tension entre des éléments familiers et leur inadéquation, leur décalage par rapport à l'espace autour , où tout est fait pour que nous experimentions l'anomalie comme dans un jeu qui tourne mal. Une expérience qui vaut le détour par la galerie Aline Vidal.

10 janvier 2007

Vidéos choisies à la galerie Filles du Calvaire (jusqu'au 20 janvier 2007)


La galerie Filles du Calvaire invite l'association de diffusion audiovisuelle expérimentale Transat Vidéo et son fondateur Brent Klinkum à présenter une dizaine d'artistes vidéos de son choix.

De cet ensemble, je retiens le travail d'Antoine Boutet, qui dans son film "Zone of Initial Dilution", tourné en 2006, nous montre des endroits délaissés, dont on ne sait si ils ont été détruits ou si ils sont en train d'être reconstruits, avec en fond sonore, ce que je pense être les noms chinois de ces villes. On est dans l'empire du Milieu, on suit le fleuve Yangtse, bien loin des images triomphantes de Shanghai ou historiques de la grande muraille. On apprend qu'il s'agit d'un témoignage sur le bouversement que subissent ces villes reconstruites pour éviter les débordements du fleuve et on voit une sorte d'effacement de leurs architectures et modes de vie locaux. Autour sur les murs des photos avec des chiffres.

L'autre artiste dont j'aime beaucoup le travail est Carolina Saquel. Cette artiste chilienne a d'abord exercé le métier d'avocat tout en exposant ses oeuvres en Amérique Latine avant de décider de venir à Paris pour étudier les beaux Arts à Paris et la vidéo au Fresnoy. Il est question ici de répéres et de leurs pertes avec l'installation "Un portrait peut avoir un fond neutre". Il s'agit de 2 écrans où sont projetés 2 lignes d'horizon entre ciel et mer. C'est filmé depuis la fenêtre d'un bateau à l'arrêt pourtant les lignes se cassent , se fracturent et tanguent. Plus d'appui fixe pour nous, la seule chose que contrôle l'artiste c'est le cadre de la fenêtre du bateau à travers laquelle elle filme et qui nous nous échappe.