18 mars 2007

Testsumi Kudo « La montagne que nous cherchons est dans la serre » / « Mutatis Mutandis » extraits de la collection de Galbert. Jusqu'au 13 mai


Parallèle très intéressant entre cet artiste japonais traumatisé par Hirochima et qui vient travailler en France dans les années 60 avec la collection personnelle d’Antoine de Galbert sur les corps mutants.

On retient un artiste violent (y compris contre lui même), délirant et visionnaire qui va truffer son œuvre de chrysalides et/ou de phallus, de cages et de cocons,de plantes artificielles où la question du devenir (via la décomposition) et de l’enfermement est récurrente.

Pour y faire écho, la collection privée associe une sélection remarquable d’oeuvres d’époque et de media différents, avec notamment la vidéo –performance frappante de Patty Chang (« Melons ») ou encore la terrible série de photographies de Guillaume Herbot sur les survivants d’Hiroschima : la boucle est bouclée.

La Maison Rouge
10 bd de la bastille
75012 Paris


Expodrome de Dominique Gonzales Foerster et Cie (ARC jusqu'au 5 mai 07)


Si comme Ellsworth Kelly , dans un musée vous préférez regarder les volumes ou par les fenêtres, si vous aimez flâner, expérimenter, alors la déambulation/promenade conçue par Dominique Gonzales Foerster est pour vous. Nous sommes invités à la flânerie plus qu'à une exposition. Ici l'espace de l'escalier accueille de curieux transats et nous donne à voir un mur que nous ne regardons jamais d'habitude mais qui devient un écran pour la vidéo de Nicolas Gesquières. La fée Electricité est habitée de l'espace sonore crée par Bashung. Puis on redescend vers une jetée posée dans une pénombre et on marche jusqu'à attendre pour rentrer dans le "Cosmodrome" via une passerelle extérieure (là encore jamais soupçonnée en temps habituel). Et là c'est d'abord le noir total puis quelques lumières sur des pianotements électroniques (par Jay Jay Johanson), des tâches colorées et un rayon jaune apparaissent ... les planètes !
Pour finir ou commencer d'ailleurs, une allée à la lumière douce (crée par Christophe Van Huffel), d'où tombe le bruit de l'eau mais sans eau, des murs qui apparaissent être en béton laqué et qui réflechissent des tâches de lumière. Même si il n'y a rien de particulier à voir on se sent bien à se promener et les autres flâneurs nous apparaissent beaux dans cet espace.
Association d'idées : jardin zen, toits de Paris, Palais de la Decouverte.

06 mars 2007

Fischli and Weiss au Musée d'art Moderne de la Ville de Paris





Flowers § Questions / A retrospective

Réenchanter le monde mais avec des objets simples ou bêtes (bidon d'essence, bouteilles, pneu fourchettes, sculptures en terre pas cuite ...). Je me suis beaucoup amusée et j'ai trouvé cette rétrospective très poètique.
Mettre de l'anodin dans l'exceptionnel et vice versa, et ce avec une grande diversité et inventivité formelles. J'ai renoué avec une âme d'enfant devant les travaux de ces 2 complices suisses. Leur regard sur le monde est profondement humain et taquin.
Ainsi dans le film "The Way Things go" l'écran est séparé en 2, à gauche une nouvelle version de la file de sucres dont le premier tombe et entraine les autres, sauf qu'ici c'est revisité façon enchainement de petites catastrophes avec un pneu qui tombe jusqu'a pousser un bidon qui se déverse dans un bac qui prend feu et qui allume la mèche d'un ballon qui va se dégonfler en tournant et ...
c'est jubilatoire. A droite on voit les artistes travailler dans leur atelier et les multiples essais infructueux et ajustements nécessaires pour parvenir à cet enchainement de phénomènes. Et devant ce making-off de leurs échecs répétitifs on rit comme devant Buster Keaton, c'est totalement burlesque.
" Suddenly this overview" , est une série de 250 petites sculptures en terre, que justement on ne peut pas appréhender d'un seul regard, comme le titre voudrait le faire croire. C'est une microscopique vision du monde et plusieurs choses sont ici mises au même niveau. Certaines terres représentent les moments clés de l'humanité (construction des pyramides, imprimerie de Gutenberg ..) mais évoqués dans toute leur trivilité et banalité, et tout est dans le décalage des clichés. Exemple : une terre montre un couple dans un lit , le titre est "Mr et Mme Einstein juste après la conception de leur génie de fils". Il ya aussi les "popular opposite" comme " big and small" ou justement les 2 personnages ont la même taille, montrant combien tout est relatif, justement !
La série des "Quiet Afternoon" représente des équilibres instables. Elle rend à la photo tout son sens, vu que les photos sont prises l'instant avant que tout parte en vrille ou s' écroule, donc au moment où tout était au mieux avant que ça empire. Natures morte à base de carottes, bouteilles et élastiques , montrant encore la fugacité des choses par un "après midi pas si tranquille" que çà. Finalement on revisite Chardin ici, ca me rappelle une natures morte à la Raie avec un chat prêt à bondir sur le poisson et à détruire le bel ordonnacement des choses , et ainsi à le rendre vivant.

Je ne vous raconte pas tout. En tous cas, c'est l'exposition à ne pas manquer comme ca vous saurez pourquoi elle s'appelle "Flowers § Questions".


(Comme visiblement le lien vers un article plus ancien est impossible sur cette plateforme je copie l'article écrit en octobre dernier quand j'avais vu cette expo à Londres.)