26 juin 2009

Basel Art Fair 2009 : un bon cru malgré la crise !



Basel sur son 31 pour son 40 ème anniversaire. La peur de la crise a fait sortir du bois des merveilles, d'où une superbe qualité cette année ! Et les affaires ont trés bien marché, vu le nombre de stands qui refaisaient leur accrochage chaque soir, et les larges sourires de certains ...
Certes Brad (Pitt) est venu pour acheter pour un million de dollars chez David Zwirner, m'a t-on dit, mais surtout l'ensemble des collectionneurs a répondu présent à l'appel de la qualité ... avec des prix très assagis. En effet alors qu'il y a 2 ans un néon de Tracey Emin "You forget to kiss my soul" à la foire de Bruxelles tournait de 200 000 € , là vous pouviez vous en offrir un pour 60 000 € ( "Not so difficult to understand" :o)). Des affaires à faire , je vous dis ! (Sachant qu'à l'instant je vois les résultats de la vente de Sotheby's du 26/06 à Londres où le néon "You forget..." s'est vendu à 57 000€.)
J'ai aussi vu dans la très belle galerie coréenne Kukje des vidéos miniatures de Bill Viola, vendues aussi. Sans parler de la qualité muséale du stand Krugier qui rendait hommage à son fondateur décèdé cette année; on nageait dans les Picasso et Giacometti, vendus aussi.
Et puis il ya avait les stands très poétiques des galeries Podnar (avec les oeuvres de'Alexander Gutke et d'Attila Csôrgö), GB Agency (Mark Geffraud, Robert Breer), Fortes Vilaça (peintures du jeune Jeronimo Elepse), ou ceux très forts comme Lelong (avec Plensa toujours !) ou Contemporary Fine Art Berlin (Daniel Richter, Jonathan Meese).
Après je suis allée me poser le temps d'une conversation et d'une dédicace pour la sortie du livre monographique sur "Paul Theck" avec Robert Wilson (;o) et le grand collectionneur Harald Falckenberg . Puis, le livre de 8 tonnes sous le bras et bravant la pluie torrentielle je me suis enfin rendue à la première baloise d'Il tempo del postino, pièce de théâtre / "Show group" concue et scénographiée par Hans-Ulrich Obrist et Philippe Parreno (et déjà montére à Liverpool) dont l'idée de départ est de proposer à une vingtaine de plasticiens du temps en plus de l'espace. Et sur cette idée très simple s'est monté un spectacle absolument magique et merveilleux, même Bob Wilson, mon voisin, a applaudi à tout rompre ...
Si je vous raconte qu'on a eu le droit à un baisser de rideau qui ondulait dans tous les sens (Liam Gillick ?), qu'il ya avait un duo de bêtes à poils terriblement attachant sur les thèmes de l'amitié, , de la mort (Pierre Huyghe) ; un arbre que l'on sentait d'abord (cela fleurait bon le pin dans la salle) avant de deviner visuellement sa présence , plongée dans l'obscurité comme dans un rêve (Koo Jeong A) ...
des chanteuses japonanaises avec des eventails de lumière qui se sont glissées dans la salle pour chanter parmi nous Madame Butterfly (Anri Sala), une vente aux enchères frénétique sur une musique irlandaise (Doug Aitken) ... vous comprendrez que j'ai aimé !

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14 juin 2009

L'oeuvre la plus érotique de la Biennale de Venise (jusqu'au 22 Nov 2009)








L'oeuvre la plus érotique de la Biennale de Venise est à l'unanimité de nos 3 voix la Madonne à l'Enfant (1505) de Bellini pour l'Eglise San Zaccaria, où la Vierge caresse la plante du pied de Jésus du bout de ses doigts.
Sinon après quelques jours de décantation, quelles sont les oeuvres qui tiennent en suspension dans ma mémoire (trop petite), surnageant de cette "aqua alta" de la production contemporaine ?
Très difficilement reproductibles dans leur majorité, je les ai gardées avec moi car elles sont à la fois radicales et soustractives.
Dans la ville :
- le pavillon Ukrainien "Steppes of Dreamers" mis en scène par le champion de boxe :o) Wladimir Klitcschko présentant le travail de l'ukrainien Illya Chichikan et du Japonais Mihara Yasuhiro, c'est un parcours où nous devenons les personnages d'un film sensuel et envoutant. Après avoir déchaussé nos chaussures pour fouler le sable versé au bas de l'escalier conduisant aux salles obscures du merveilleux palais Papadopoulo, nous sommes dans une quasi obsurité : les ampoules des lustres de Murano ont été changé, elles sont multicolores comme dans les fêtes foraines, éclairant à peine les moulures angéliques du plafond, et puis entre 2 sculptures assez post - dada, glisse près de nous une fille aux cheveux longs et aux rollers dorés pour disparaitre bientot derrière une porte ou une tenture ...

- le pavillon georgien "Change in Drawing Orchestra " de l'artiste Koka Ramishivi, avec ses vidéos, projetées sur 3 murs en décalé, un dessin au crayon papier en train de se faire, peut-être celui d'une vague et où le son du crayon sur le papier a été condensé dans le temps, ce qui donne à notre oreille l'impression de la mer et de son ressac.

à l'Arsenal :
- la salle des Pistolleto, avec certains de ses miroirs brisés le premier soir à coup de hache, symbolique et sculpturale.
- les faisceaux lumineux tridimensionnels de Lygia Pape.
- la vidéo de Joan Joanas qui transpose la "Divine Comedie" de Dante en images, en créant son langage visuel poétique.

aux Giardini:
- les pavillons danois et d'Europe du nord (Finlande, Norvège et Suède) mis en scène avec humour par Elmgreen§Dragset, transformés en appartement d'habitation privée, avec les oeuvres de plusieurs artistes, comme chez des collectionneurs. Cependant les pièces sont construites autour de l'une fiction à l'intrigue policière; et pour le pavillon nordique le corps flotte à l'entrée dans la piscine ...pour les danois, c'est à une visite de promoteurs immobiliers que nous sommes conviés.
- le pavillon français avec l'installation "le grand Soir" de Claude Lévêque, pour sa radicalité et l'intelligence de la transposition de l'idée dans l'espace du pavillon français . Nous sommes mis en cage (avec un peu de paillettes tout de même ) sans possibilité d'atteindre le drapeau noir, symbole de l'anarchie auquel le titre se réfère. Drôle et peut être cynique (rare chez l'artiste, qui peut-être de ce fait a été assez décrié) surtout quand on y repense après avoir découvert la nouvelle fondation Pinault à la pointe de la Douane.
Certes le bâtiment est absolument extraordinaire et la restauration par Tadao Ando parfaite. Mais impossible de sortir voir la vue sublime en haut du Beveldère, porte fermée, fenêtres à barreau, et gardiens avec pistolet qui viennent vous avertir de l'impossibilité de la chose ..., jusqu'où va t-on pour assurer la sécurité de la sublime marchandise ? Et retour à Foucault et " Surveiller et punir" mais version financière puisque Pinault possède la maison de ventes aux enchères qui va avec ... On préfére le style Peggy Gugghenheim, où tout est ouvert et donne sur un gentil café dans le jardin , et on se rappelle avec nostalgie de son exhubérance, de ses passions et de ses extravagances !

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