29 octobre 2006

FIAC 06 (1)






























Une FIAC plus nerveuse, plus vive, que les éditions précédentes, et j'en suis ravie. Du fait de la réduction d'espace, il a fallu faire des choix, chaque galerie a du radicaliser son offre. Ainsi on voit mieux qui est qui, les galeries "marchands" et galeries "découvreuses" qui elles ont l'avantage de la cohérence de leur parti pris, on y reconnaît un style.
Deuxième conséquence, la réduction d'espace a conduit à éclater en différents lieux la création contemporaine avec un festival "in" et un "off".
- "in" : Le grand palais pour les galeries les plus établies, la cour carrée du Louvre pour les plus jeunes et le design.
- "off" : à l'espace Pierre Cardin pour les "recalés" de la FIAC, à l'hotel Kube à la goutte d'or pour la vidéo, à Menilmontant pour les jeunes pousses avec Slick.

Au Grand Palais j'ai pariculièrement aimé :
- les propositions de la galerie sino-italienne Continua avec les oeuvres de Shen Zen et j'ai un véritable coup de coeur pour Loris Cecchini et son échelle fantôme emprisonnée dans le mur.
(c'est le même artiste qui a réalisé le nuage au rdch du Palais de Tokyo).
- la galerie italienne Tucci Russo pour sa belle feuille de Penone.
- la galerie Claudine Papillon, pour les scultures de Nathalie Elemento à mi chemin entre design et art, sa superbe étagère blanche laquée et sa table basse aux multiples possibilités.
- le stand de Michel Rein, avec un beau Jean Pierre Bertrand et la vidéo de Fabien Vershaere (celle montréé pour les Nuits Blanches à la Goutte d'Or cf infra).
- l'oeuvre de Bill Woodrow présentée par Waddington Galleries.

A la Cour Carrée du Louvre :
- La galerie belge nadjaVilenne, avec les pièces d'Honoré d'O, bulle de BD en coton et étagère en polystirène.
- la photo retravaillée de la Havane par Couturier.

17 octobre 2006

Fischli § Weiss à la Tate Modern (11 Oct -14 janv 07)


Flowers § Questions / A retrospective

Réenchanter le monde mais avec des objets simples ou bêtes (bidon d'essence, bouteilles, pneu fourchettes, sculptures en terre pas cuite ...). Je me suis beaucoup amusée et j'ai trouvé cette rétrospective très poètique.
Mettre de l'anodin dans l'exceptionnel et vice versa, et ce avec une grande diversité et inventivité formelles. J'ai renoué avec une âme d'enfant devant les travaux de ces 2 complices suisses. Leur regard sur le monde est profondement humain et taquin.
Ainsi dans le film "The Way Things go" l'écran est séparé en 2, à gauche une nouvelle version de la file de sucres dont le premier tombe et entraine les autres, sauf qu'ici c'est revisité façon enchainement de petites catastrophes avec un pneu qui tombe jusqu'a pousser un bidon qui se déverse dans un bac qui prend feu et qui allume la mèche d'un ballon qui va se dégonfler en tournant et ...
c'est jubilatoire. A droite on voit les artistes travailler dans leur atelier et les multiples essais infructueux et ajustements nécessaires pour parvenir à cet enchainement de phénomènes. Et devant ce making-off de leurs échecs répétitifs on rit comme devant Buster Keaton, c'est totalement burlesque.
" Suddenly this overview" , est une série de 250 petites sculptures en terre, que justement on ne peut pas appréhender d'un seul regard, comme le titre voudrait le faire croire. C'est une microscopique vision du monde et plusieurs choses sont ici mises au même niveau. Certaines terres représentent les moments clés de l'humanité (construction des pyramides, imprimerie de Gutenberg ..) mais évoqués dans toute leur trivilité et banalité, et tout est dans le décalage des clichés. Exemple : une terre montre un couple dans un lit , le titre est "Mr et Mme Einstein juste après la conception de leur génie de fils". Il ya aussi les "popular opposite" comme " big and small" ou justement les 2 personnages ont la même taille, montrant combien tout est relatif, justement !
La série des "Quiet Afternoon" représente des équilibres instables. Elle rend à la photo tout son sens, vu que les photos sont prises l'instant avant que tout parte en vrille ou s' écroule, donc au moment où tout était au mieux avant que ça empire. Natures morte à base de carottes, bouteilles et élastiques , montrant encore la fugacité des choses par un "après midi pas si tranquille" que çà. Finalement on revisite Chardin ici, ca me rappelle une natures morte à la Raie avec un chat prêt à bondir sur le poisson et à détruire le bel ordonnacement des choses , et ainsi à le rendre vivant.

Je ne vous raconte pas tout. En tous cas si vous allez à Londres, c'est l'exposition à ne pas manquer comme ca vous saurez pourquoi elle s'appelle "Flowers § Questions".

16 octobre 2006

Holbein in England (Tate Britain / 28 sept- 7janv07)


Après l'exhubérance de la Frieze, j'ai eu envie de calme et de sérénité. Je suis donc venue redécouvrir Hans Holbein dit Holbein le Jeune (1497-1543). Né en Allemagne, après avoir passé 10 ans à faire ses preuves à Bâle, l'artiste fait le voyage à Londres en 1526, espérant s'éloigner de la Réforme et travailler à la cour d'Henri VIII. Son art du portrait et de l'orfèvrerie lui fera gagner ce statut et devenir résident permanent. Il pourra ainsi éviter de tomber sous le coup des récentes lois contre l'immigration votées pour calmer les émeutes contre les travailleurs étrangers qui eurent lieu à Londres en 1527 . (Eternel recommencement quand tu nous tiens !). Le fait d'être peintre de cour le protégea et il sut arrondir les angles en montant un atelier où il travailla avec des anglais.
Je n'avais jamais vu en vrai ses dessins et études préparatoires que la liberté de traits et la lègère mise en couleur des caractéristiques d'un visage (pupilles, lèvres ) rendent si vivants. Les peintures, elles sont davantage "statiques" voir "statutaires" sauf peut-être celles de ses amis comme le portrait du philosophe Erasme vu "de profil" (comme sur les pièces de monnaie antiques remises à la mode par la Renaissance italienne) . A l'inverse la peinture d'Henry VIII est celle d'un roi qui doit impressionner, il est donc debout, massif , couvert de brocarts, légèremment vu de dessous pour donner encore plus d'importance au personnage. On admire aussi le talent à peindre les riches étoffes et les foururres.
Quelle réflexion pour chaque détail ! Ainsi pour traduire en peinture, la profession de diplomate d'un de ses commanditaires, il place à dessein son ombre vers nous, afin de nous rendre plus proche cet homme destiné à rapprocher les nations.
Et puis en plus de la cour, il réalisera de nombreux portraits de marchands baltes destinés à être envoyés chez eux : là les portraits sont de face pour que la personne soit vu dans son intégralité. Y figurent en lettres d'or, l'âge du commanditaire et une phrase évoquant la piété afin de rassurer les familles.
En sortant de cette exposition, je me suis dit que c'était pas mal comme moyen de donner de ses nouvelles que d'envoyer son portrait en bel atour peint par un immense artiste. Et vous qui choisiriez vous pour vous tirer le portrait ?

15 octobre 2006

Frieze Londres (12-15 Oct 06)


Autoproclamée comme un des plus importantes foires du marché de l'art contemporain , la Frieze tient sa 5ème édition à Regent's Park. En regardant la couverture médiatique, qui choisit comme photo Kate Moss au vernissage, je me dis que chaque époque a ses icônes, mais qu'au moins dans les années 70 on aurait préféré un traitement warholien de la Brindille, plutôt qu'une énième photo bien lisse ou bien trash sur papier glacé qui n'étonne plus personne mais qui fait vendre.
Et justement de me demander en regardant la Frieze, si c'était la Frieze qui donnait le ton au marché ou le marché qui donnait le ton à la Frieze. Car devant certains stands, on est au spectacle, à se demander si finalement on ne demande pas à certains artistes de réaliser une pièce pour la Frieze, une pour Bâle puis une pour Miami. Et comme le marché est là indubitablement, cela doit être difficile pour les artistes de résister.
Evidemment certaines galeries à ce jeu là sont rodées et très habiles, comme les galeries et Yvon Lambert ou Gagosian qui exposent d'ailleurs, drôle de coincidence, les même séries de portraits "brûlés" de Douglas Gordon qui tient l'actualité avec sa belle exposition vidéo au MOMA à New York. Dans l'ensemble, ils prennent le minimum de risque , exposent des valeurs déjà établies internationalement qui font l'actualité et essaient d'amortir les frais de leur stand, d'où le prix lyrique de certaines oeuvres. Cela dit, on prend plaisir à admirer les stands de White Cube (belles pièces de Damien Hirst, de Damian Ortega ou Ceryth Wyn Evans) , de Marion Goodman (Thomas Struth, Anette Messager, John Baldessari, William Kentridge) , mais de découvertes pas vraiment , or c'était la promesse de départ de la Frieze. J' ai peut être l'explication de cette surenchère, "on" m'a dit que le coût d'un stand s'élevait à environ 55000€ pour 4 jours, il faut donc pouvoir rentabiliser et le temps c'est de l'argent donc peu de temps pour la découverte. C'est certainement pour cela que j'ai eu l'impression de faire du zapping , avec je le reconnais, l'excitation qui va avec, vite passons à l'artiste suivant qui va peut être me plaire davantage , et ainsi de suite ca peut marcher ... ou épuiser un peu comme sur Meetic, ou chacun se présente sous son angle le plus vendeur et pour être compris en un minimum de temps. Pour moi il me faut peut être davantage de mystère et de résistance, donc un autre rapport au temps que celui de la publicité ou de la finance dont Londres reste la capitale. Quelques exceptions à cette logique zapping avec les travaux présentés par les galeries Roger Ackling et Frith Street Gallery qui montrent des oeuvres qu'il faut prendre le temps d'apprécier : celles de Massimo Bartholiny, Anna Barriball, Annely Judd, David Nash.
En revanche, l'avantage d'avoir le marché, c'est d' attirer le monde entier, donc de belles découvertes dans les galeries étrangères, d'artistes qui sont certainement déjà très reconnus dans leur pays mais que je ne connaissais pas.
Ainsi la galerie libanaise Sfeir Semler avec le travail de Marwan Rechmaoui, qui propose un plan de la ville de Beyrouth sous forme de tapis en gomme noire avec une photo étonnament très paisible qui montre ce qu'on voit au bout de la ville : de l'eau. Belles photos d'amis de Hashem el Madani.

Dragons vus par Paul (Muséum D'Histoire Naturelle)













Paul aime les dragons et les fleurs. C'est mon neveu et filleul , il a 7 ans et prend de belles photos!! Avis aux amateurs, on va bientôt organiser une expo !

10 octobre 2006

Nuits Blanches 2006 à la Goutte d'or













Après m'être promenée à Versailles lors de la précédente manifestation, j'ai choisi cette année la Goutte d'or au vu de la richesse de son programme.
J'y ai d'abord appris que le nom de ce quartier provient du vin blanc que l'on y produisait jusqu'au XIX ème siècle. J'ai découvert sa diversité architecturale : friches, l'Eglise des Sans Papiers dont on ne dit plus qu'elle est belle, l'impressionnant volume industriel de la Halle Pajol; je connaissais déjà la rue des Gardes et ses designers, et le Lavoir Moderne Parisien, ancien lavoir reconverti en salle de théâtre au charme fou et à la programmation riche et métissée.
On sent que c'est un quartier en pleine rénovation, dans le bon sens, j'espère que son aspect dépaysant et vivant sera conservé : les pâtisseries orientales, les boucheries halal, des sodas et des fruits venus d'Afrique, avec en plus ce soir l'animation des nuits de Ramadan.
Et au milieu de tout ça des marcheurs parisiens qui redécouvrent leur ville . Vu notre nombre et la curiosité manifestée, on se dit que le rdv plait.
Sur la vingtaine d'intallations proposées , trois m'ont particulèrement plu notament parce qu' elles reprennent le thème des "Vanités" et que j'ai toujours eu un faible pour les têtes de mort, squelettes et autres "memento mori".

"Very Hungry God" de Subodh Gupta, 2006.

Saisissante installation dans l'église des sans papiers que cette énorme tête de mort rutilante, qui doit faire au moins 4 m de haut. Que ressent on la voyant ?
Ca brille , c'est beau et cela nous échappe. Car si on reconnait immédiatement cette icône de notre culture occidentale, on ne reconnait pas à proprement parler les ustensiles qui la composent, on devine qu'il s'agit d'ustensiles de cuisine plutôt en aluminium et qu'ils viennent d'ailleurs. Et puis on se doute vu la nationalité de l'artiste, qu'ils sont indiens.
Alors qu'a voulu nous exprimer Gupta avec cette oeuvre ? Est ce une critique de la mondialisation qui avale tout ce qu'elle touche ? Est ce que ce crâne nous montre qu'au contraire avec des ustensiles issus de la classe moyenne l'homme peut faire de l'art, et ainsi témoigner et dépasser les tabous de cette société indienne ? Comme l'explique l'artiste, aujourd'hui encore si un membre d'une caste inférieure touche votre assiette ou votre nourriture, cela devient "achoor" (intouchable).
Ou alors , parait il, ce serait une métaphore du tsunami qui a ravagé l'Inde en 2005 ?
Alors en relisant le titre de l'oeuvre, je me dis que cette Vanité nous livre en plus du "memento mori" une vision dérangeante de l'Inde d'aujourd'hui, loin des bollywoods et des miracles de la net economie . Et je vais me réconforter en allant goûter et partager avec tous la délicieuse soupe de lentilles que l'artiste a fait préparer à notre intention.

"Welcome to the seven Days hotel" de Fabien Vershaeve, 2006.

C'est un film d'animation avec une musique rock, dessiné à la main, saturé de couleurs et débordant d'imagination. Les traits aux formes rondes pourraient être ceux d'un livre pour enfant. On peut d'abord penser de loin que ce film est très gai et puis petit à petit on voir défiler des crânes, des fantômes qui jouent une danse à la fois joyeuse, macabre et oppressante, des personnages aplatis comme et un peu coincés dans cet univers bidimensionnel et qui m'apparaissent vouloir s'échapper du cadre. Sauf que la ritournelle continue à un rythme soutenu, attendant un dénouement que cette histoire qui n'a pas de trâme ne saurait offrir.
J'ai lu que ce jeune artiste de 31 ans, a dû passer son enfance jusqu'à 15 ans dans un hopital pour enfants malades, qu'il y a dévéloppé une passion pour l'écriture et le dessin. Je me demandais ainsi quel petit personnage était il dans son film, peut être une tête de mort qui ressemble à un tatouage rock et ludique , qui rêve de s'échapper de la mare rouge (qui revient souvent dans son dessin) pour aller dans les arbres ? En fait j'aimerai revoir le film, donc si l'un d'entre vous sait comment cela est possible, je veux bien l'info.

"Ask" de Stéfane Thidet.
C'est certainement l'installation la moins spectaculaire des trois. Il faut être attentif car si il n'y avait pas eu d'attroupement j'aurais pu passer à côté de ce squelette qui fait des pointes comme un petit rat de l'opéra, sans vraiment le remarquer.
Projeté en vidéo noir et blanc dans une vitrine, le squelette semble de taille réelle, c'est à dire la nôtre, et il entame une danse sous un reverbère. Même si d'autres artistes ont déjà fait danser des macchabés, je trouve le traitement de Stéfane Tidet , que je connaissais pas avant, drôle et poétique.

06 octobre 2006

Dan Flavin / Une rétrospective ( 9 juin- 8 oct 2006)












La dernière fois que j'ai vu plusieurs oeuvres de Dan Flavin à Paris, c'était la collection Plensa, également présentée par le Musée d'art Moderne de la ville de Paris. Sinon il y a le Whitney, ou la Dia Fondation (qui prête justement beaucoup d'oeuvres pour cette rétrospective), mais c'est aux Etats Unis. Bref à ce jour, je n'avais jamais eu l'occasion de voir autant de Dan Flavin à Paris. Et c'est dommage que cela ne dure que le temps de l'exposition, car je ne m'en serai pas lassé !
J'aime ces tubes de néon, qui de manière si simple rythment, colorent, habitent l'espace. Dan Flavin les laissent évidents et présents, sans chercher à les cacher pour n'en conserver que leurs effets spacio-lumineux, comme pourrait le faire James Turrell.
Il dit lui même "on ne peut pas considérer la lumière comme un phènomène objectif mais c'est pourtant ainsi que je l'envisage. Et comme je l'ai déjà dit, jamais art n'a été si simple, ouvert, direct". Et c'est vrai, on n'a pas besoin d'être initié pour être profondémént touché par son oeuvre. Alors à mon sens, il ne faut pas trop écouter certains historiens d'art et critiques, qui compliquent souvent les oeuvres issues du courant minimaliste les rendant hermétiques, alors que justement, du fait de leur grande simplicité formelle elles se veulent accessibles au plus grand nombre.
Pour autant avant d'arriver à ce qui nous parait évident en 2006, ce ne fut pas si simple. Je me demandais ce qui fait qu'un artiste dans années 60, en arrive au tube de néon pour s'exprimer ?
Quand on regarde ses premières oeuvres (intelligemment exposées aussi), on se dit que pour arriver à cette évidence il est parti de loin : ce sont des petites peintures abstraites, très sombres avec beaucoup de matière, ne laissant en rien augurer l'évanescence formelle de la suite de son travail. Et puis, à partir de 1961 (à 28 ans), il franchit un cap décisif en réalisant des boîtes monochromes surmontées d'un petit néon, une des "icônes" est dédiée à son frère jumeau qui meurt à cette époque. Je ne peux m'empêcher de penser qu'en choisissant le néon et le caisson, il a ainsi actualisé le geste de la bougie qu'on allume sous un autel à la mémoire des défunts. L'artiste de père irlandais a reçu une éducation religieuse.
Pour moi, c'est comme si avec ces néons, il avait au départ cherché à prolonger la mémoire d'un être cher. Et la façon qu'il a de nommer ses oeuvres : dédicaces à des personnes ou artistes dont il se sent proche, renvoie au même processus : activer et prolonger la mémoire. Et cela fonctionne. Car grâce à lui, on se remémore la tour inachevée de Tatlin, on s'interroge sur William d'Ockham (qui est comme on me l'a soufflé un franciscain et philosophe du XIVeme siècle, adepte du peu et de la simplicité...) ou sur l'identité de Susan Dawn (qu'on découvrira galeriste et à qui il dédie une de mes oeuvres préférées).
Au niveau perceptif il convient d'y regarder à deux fois ... au moins. Ainsi pour l'oeuvre "Untitled (to you Heiner, with admiration and affection)", longue barrière de modules carrés, la lumière dégagée nous apparaît verte (surtout si l'on a fixé le rouge des néons de la pièce précédente). Pour autant quand on se rapproche pour regarder de près les néons, ils semblent très proches du blanc. Et les néons placés dans l'entrée que l'on aperçoit depuis cette dernière pièce de l'exposition nous apparaissent maintenant roses alors qu'il ya une heure quand nous sommes entrés, ils étaient absolument blancs. Alors un peu déboussolés, on va demander à un gardien "C'est vraiment vert ?" et lui de nous répondre " En tout cas, ca semble vert, et on en sort tout mauve".
Pensée associative : autel, arc en ciel, 2001 l'odyssée de l'espace, la pharmacie d'en bas de chez moi.

02 octobre 2006

Création "le présent oublié" de Patrick Defossez


Dimanche je me suis rendue aux matinées contemporaines au grand théâtre de Reims, pour écouter "Présent oublié", composition contemporaine pour quartet de Patrick Defossez.
Première surprise, nous sommes placés en coulisse, sur la scène derrière les musiciens , avec une vue imprenable sur la salle en boiserie art déco.
Autre surprise, le son vient non seulement de la scène, mais aussi d'ailleurs, à côté de nous, derrière nous, et le plus étonnant au dessus de nous. Ca commence par des sonoriés électroniques mystérieuses rappelant les chantiers, les sous bois, et puis l'eau surtout.
Le hautbois est ici électroacoustique (invention du musicien) le son est chaud et texturé. Enchaînent la batterie aux objets composites : "cloches, zarb, "djumbe" etc, le piano "minimal" . Différentes séquences se succèdent, les musiciens du quartet se répondant avec précision liberté et harmonie, car si certains caps sont fixés, si l'écriture est structurée, il n'en reste pas moins une grande part d'improvisation. Pour organiser cette liberté polyphonique, il aura fallu un an et demi de travail au compositeur Patrick Desfossez. D'origine belge, formé en orchestration à la Berklee School, il choisit la France où il privilégie le jazz, puis le contemporain en piano improvisé. Et ici dans cette pièce c'est de tout ce passé , cette mémoire dont il est question. Ce qui m'a plu c'est le côté sensoriel et inventif qui en ressort : on voit le compositeur pianiste plonger dans le "corps" de son piano à queue pour caresser les cordes, ou les pincer avec différents ustensiles. Nous sommes invités ici à un voyage sensible, loin des musiques froides et trop cérébrales (en tout cas pour moi), à une musique métissée entre les influences du jazz et de John Cage, où j'ai retrouvé quelques accents d'ailleurs , du nord afrique à l'Ecosse. Après ce beau voyage d'une heure, on est convié par les musiciens à voir leurs instruments, à échanger avec eux et puis prendre un apéritif au champagne; bref on en sort heu-reux et recompensé d'avoir pris le train de 08H16 ce dimanche matin !