16 juillet 2007

Robert Gober au Schaulager (Bâle, jusqu'au 14 octobre 2007)







De l'américain Robert Gober, je connaissais des jambes en cire blanches et poilues, posées par terre, qui semblent dépasser du mur, comme si le reste de la personne avait été mystérieusement absorbé par la pièce. Ici la rétrospective nous montre la grande diversité de son travail réalisé entre 1976 et 2007 : dessins, sculptures et installations qui détournent les objets de la vie quotidienne (éviers, plaque d' égouts, chaise d'enfant, papier peint ...) pour étonner et inquiéter notre regard. Il faut être curieux et même un peu voyeur pour appréhender cette oeuvre, sinon on peut simplement passer à côté sans la voir, comme pour cette porte à peine entrebaillée, où il faut se désarticuler pour apercevoir derrière une baignoire où l'eau coule sur une paire de jambes poilues ou encore ce papier peint qui de loin parait celui d'un intérieur cosy et kitch mais qui de près se révèle être une superposition de penis.



Et puis il y a ces installations magiques, notamment celle crée pour la Dia Fondation en 2000. Après avoir parcouru un corridor sombre où trainent de la mort au rat et des liasses de vieux journaux empaquetés, on pénétre dans une vaste salle très lumineuse où une forêt tropicale est peinte sur les murs percés en haut de fenêtres avec barreaux. Elles donnent sur un ciel bleu à la luminosité extraordinaire et on entend couler l'eau. C'est un peu comme si l'artiste avait inverti : l'extériorité imaginaire d'une cellule de prison devenant son intériorité (le soleil, les arbres, l'eau), nous questionnant ainsi sur la perception de la liberté mais aussi sur celle de la déforestation. Avec ses plaques d'égoût il nous prend encore à contrepied. Car en dessous, au lieu d'une opacité ou d'un liquide visqueux et nauséabond, c'est de l'eau claire avec des crabes, des poissons et des piècettes de monnaie, comme dans une fontaine à souhaits.



Même si je n'ai pas toujours compris où étaient nichés les thémes de prédilection attribués à Gober : enfance, sexualité, pouvoir, exclusion, j'ai surtout rencontré le travail d'un merveilleux plasticien, iconoclaste subversif, retroussant les objets de notre quotidien, nous dérangeant dans nos habitudes mentales et nos à priori, rapprochant la lisière du répulsif avec celle du merveilleux pour mieux réveiller notre conscience. Je regrette simplement que les cerbères du Schaulager m'aient empeché de faire les photos que j'aurais aimé vous montrer.




15 juillet 2007

Fondation Beyeler (Bâle)




Surprenante petite bourgade suisse- allemande qui peut pourtant rivaliser avec New York tant elle regroupe en plus de la plus grande foire d'art contemporain, parmi les plus beaux musées d'art moderne au monde ainsi que des architectures inspirées : Fondation Beyeler dessinée par Enzo Piano, Schaulager entrepôt réaménagé par Herzog et de Meuron, Usine Vitra par Frank Gehry ... (sans parler de la fondation de l'enfant du pays Tinguely et du KunstMuseum).


Voilà si j'essaie de résumer mes premières sensations, j'aimerais bien dans une prochaine vie être chat à la Fondation Beyeler, tant l'endroit est une synthèse créative du meilleur état de l'art à un moment donné, quand le marchand d'art Beyeler, esthète éclairé et élégant fait construire en 1997 un écrin pour donner à voir sa collection d'artistes modernes qui regroupe certes parmi les plus grands noms mais également leurs pièces maîtresses. Je pense à la "Bouteille de vin" de Picasso , verticalité colorée mise en regard avec une statue africaine se détachant d'un écran de verdure, ..., aux petits Klee ou encore la salle des Giacometti et celle des Rothko qu'on ne se lasse pas de contempler.

Pour fêter les 10 ans de la Fondation, Munch est à l'honneur avec une magnifique rétrospective : merveilleux accords de couleurs, formes cernées qui fondent sur nous avec force, mystère et souvent mélancolie.

Et puis à la fin de la visite, on peut aller s'affaler dans un canapé spacieux de la bibliothèque qui donne sur les champs environnants ou aller à la librairie et feuilleter livres et litho. C'est là que j'ai vu les arbres du jardin emballés par Christo en 1998 : décidément être chat à la Fondation Beyeler !