27 septembre 2007

Wang Du "Photographs" (Galerie Laurent Godin jusqu' au 3 Nov )



Que penser de cette exposition ? D'abord j'ai été plutôt séduite par cet environnement coloré, cette ville faite de photos accumulées. Et puis je me suis demandée ce qu'a voulu dire l'artiste ? Lors de sa grandiose exposition au palais de Tokyo en 2004, il avait voulu livrer une vison critique des médias comme les artistes des années 80 qui avaient aussi repris à leur compte les outils de communication pour mieux les détourner : Jenny Holzer, IFP ...
Et là je m'interroge : où est la lecture critique du déferlement d'images qui nous facsinent et nous vampirisent ? Formellement n'est ce pas un peu facile finalement ? (En clair j'avais été davantage étonnée par la mise en scéne au Palais de Tokyo, là c'est plus conventionnel.)

Wang Du déclare répondre à l'omniprésence de la représentation en "ciblant la réalité", en "la sculptant en réalisant un moule, une sorte d'enquête sociale, de regard total ". Aussi a til demandé à des amis et des étudiants de photographier tout ce qu'ils voyaient sans consigne, ni contrainte particulière. (pour moi déjà ca fausse le jeu, car il n'y a pas de régle) .
Au total 50 000 images ont été prises de différentes villes de Chine : Pekin, Nankin, Wuhan, Shanghai ...
Pourtant à moins d'avoir des yeux bioniques, vous ne pourrez ni lire, ni connaître , ni reconnaître , tant les photos sont petites et tant leur accumulation en bandeau les rapprochent selon moi davantage du papier peint coloré que du documentaire à visée sociale. L'artiste a l'air en effet tellement subjugué par le monde des médias, qu'il absorbe tout, il "readymaide" des flots d'images à l'infini.
Et la notice explicative de la galerie d'énoncer " 10 000 mètres carrés de photos, 4 tonnes d'encre et de papier ..." on est clairement dans l'accumulation, le consumérisme spectaculaire qui en veut toujours plus pour son argent ... certes "c 'est une empreinte du réel" comme déclare l'artiste à propos de son oeuvre, mais un réel consumériste plus qu'un réel " total "comme le revendique Wand Du , à moins que la consommation ne soit tout ...

22 septembre 2007

Mais Kassel c'est aussi ça !








1. Une vitrine de papéterie qui expose des dessins d'enfants à qui visiblement on a donné le thème suivant " Mon côté sombre doit aussi s'exprimer" ...
2. le lustre du "Gloria" Kino, qui derrière une façade décatie, cache une splendide salle de cinéma des années 50, consacrée au cinéma d'art et d'essai, avec une tablette qui court tout le long pour pouvoir poser sa bière.
3. Même les concessionnaires Volskwagen sont "Dokumenta", comprendre des hype curators.
4. Malheureusement la porte des "refusés" était close.
5 et 6 : Dans les jardins du château de Wilhemshöhe, une nature décidement très Caspar David Friedrich !

Autour de Robert (Filliou)/ Paris (Galerie Immanence)



"L'art c'est ce qui rend la vie plus intéressante que l'art" disait Robert Filliou.
Pour voir comment il s'y prenait, et comment d'autres artistes d'aujourd'hui revisitent avec poésie et fraicheur ce principe ludique et illimité basé sur l'échange. Léger, drôle et très web2.0 avant l'heure. Pour une découverte en dehors des sentiers battus : à la galerie Immanence ( 21 av du Maine jusqu'à dimanche ), sinon allez cliquer sur ce blog.
En profiter pour acheter le Numero 1, de la revue "Sans titre", futur collector :o)

19 septembre 2007

Documenta 12 (Kassel )




Une 12 ème édition très critiquée. Mais à mon avis, il en va des Dokumenta comme des Woody Allen, même faible, cela reste largement au dessus de la moyenne. Par provocation, je pourrais aussi dire que le pélerinage tous les 5 ans, se justifie par la seule présence des Rembrandt et des Franz Hals du château de Wilhelmshöhe. En plus il y avait une superbe exposition de peintres flamands avec un portrait d'Elisabeth Tudor par Dürer à se damner. Mais pour en revenir à notre époque, quelques artistes méritent à mon sens à eux seuls le détour, après tant pis pour certaines maladresses d'exposition ou choix moins heureux :

Ai Weiwei, artiste architecte chinois.

Pour la sculpture "Templates" réalisée pour l'occasion, il a assemblé des portes des dynasties Ming arrachées lors de la construction de nouveaux buildings à Pékin pour en faire une espèce de rose des vents. Et ironie du sort pour quelqu'un qui justement dit que ses idées vont et viennent comme le vent; la sculpture a été détruite par une bourrasque quelques jours après l'inauguration. Weiwei a choisi néanmoins de la laisser en l'état, et l'oeuvre fascine encore car on y sent les energies : celle de l'artiste et celle du vent ... qui par son intervention a contribué à la renommée de l'oeuvre et en a doublé le prix :o)
Pour "Fairly Tails", c'est une idée simple : il a invité 1001 chinois qui n'avaient jamais eu l'opportunité de voyager, et à qui ce ne serait même pas venu à l'idée de pouvoir se rendre en Allemangne, à venir et rester une semaine à Kassel, tous frais payés. Ensuite ils doivent lui faire part de leurs impressions et intérets et enregistrer les photos sur une clé USB, mise en ligne par la suite sur un blog. Il a du selectionner les participants car en 3 jours il avait déjà recu 3000 réponses à son annonce ! Voilà le principe n'est pas nouveau , c'est un peu "Les lettres persannes" au XXI ème siècle, c'est utile de nous rappeler que le regard de l'étranger de l'autre, est nécessaire pour nous sortir de nos habitudes , de notre routine et nous rendre plus intelligent.

Trisha Brown (US), grande dame de la danse contemporaine depuis les années 70.
Elle réalise ici plusieurs pièces dont l'installation et la chorégraphie "Floor of the forest" : enthousiasmant ! Gestes simples, corps qui défient la gravité en ondulant sur une mer de cordages et de vêtements. Scène horizontale qui vibre. D'accessoire chorégraphique, le "cordage" devient après le départ des danseurs une sculpture , comme un filet de pêche qui du fait des vêtements , garde la mémoire des corps, nous renvoyant ainsi à la conscience du caractère ephèmere de notre condition. Du fait de la grande simplicité des moyens mis en oeuvre (tant au niveau de la chorégraphie que de la scénographie ). Barthes qualifiait les mises en scéne de Trisha Brown comme relevant de la plus parfaite "vénusté" traduisant aussi la séduction pure qui s'en dégage.
(Je regrette d'ailleurs d'avoir manqué le spéctacle donné par Yvonne Rainer, donc si certains d'entre vous y ont assisté, je veux bien des détails ou des photos.)

Charlotte Posenenenske, designer, artiste et sociologue allemande.
Cette artiste reprendra à son compte les concepts minimalistes américains mais avec une sensibilité européenne, notamment du fait de ses questions sur l'illusionisme. "Je suis intéressée par la tension qui est crée entre la réalité de la tridimensionalité du support et l'illusion de tridimensionnalité de la peinture." Comme les artistes des années 60, Posenenske était fascinée par la technologie, l'industrie et la production à grande échelle. Ses oeuvres seront essentiellement réalisées à partir de matériaux industriels : , plastique, scotch, feuille d'aluminium etc. Sa grande préoccupation sera aussi de refuser les relations hierachiques entre les élements d'une composition, ... la fonction sociale de l'art n'est jamais très loin. Elle réalisa de nombreux dessins, vidéos et introduit dans les années 60 une dimension participative à ses sculpltures. Mais en 1968 , trouvant l'art trop insuffisant à changer le monde elle arrêta sa carrière d'artiste pour se consacrer à la sociologie. Elle est décèdée en 1985 à Franckfort.
Tout cela ne pourrait être que théorique et barbant , si ce n'est qu'à regarder ses oeuvres datant des années 60 : on est frappés par l'élégance de leur proportions et finalement leur grande modernité. A côté, je trouve que les oeuvres récentes de John Mac Craken font très toc bref je n'ai pas compris son apport par rapport à Judd ou Posenenske.



16 septembre 2007

Gaëlle Chotard "Au fond" (Galerie Papillon jusqu'au 20 octobre)


Première exposition personnelle à la galerie pour cette jeune artiste française, ancienne éléve d'Anette Messager aux Beaux Arts. Des sculptures légères en tricotage metallique laissant voir le vide sont suspendues au plafond par un simple fil. Circulation des énergies ; elles s'animent quand on passe près d'elles. Formes organiques et mystérieuses (entre phallus et rhizome) plongées dans l'obscurité, leur présence est doublée d'une ombre démultipliée qui nous renvoie à nos rêves, à nos peurs et à nos pensées noires et intimes. Si les sculptures sont toute en intériorité, on sent dans les dessins, une energie "lachée" toute d'expansion poétique.
Pour y faire écho, une vidéo "Troubles" , hommage à Caspar Friedrich, montre une femme qui s'enfonce doucement dans le paysage, elle prend racine dans sa contemplation. On ressent un contraste entre ce paysage si paisible, cette apparence si lisse et d'autre part les sculptures devoilant une intimité peuplée de pensées noires et érotiques.